Le chiffrement de bout en bout ne fait pas l'unanimité au sein de la Commission Européenne

Dans le cadre d’un projet de réglementation contre la pédopornographie, Madrid milite pour une interdiction du chiffrement de bout en bout au sein des applications de messagerie.

La solution est radicale. Dans le cadre d’un projet de réglementation européenne pour lutter contre la diffusion de contenus pédopornographiques, le gouvernement espagnol propose d’interdire le chiffrement de bout en bout au sein des applications de messagerie.

“Idéalement, il serait souhaitable d'empêcher législativement les prestataires de services basés dans l'UE de mettre en œuvre le chiffrement de bout en bout”, explique un représentant de Madrid dans un document de travail du Conseil européen, révélé par Wired.

La proposition espagnole n’a cependant aucune chance d’aboutir : il faudrait en effet obtenir l’accord des 27 pays de l’Union européenne, dont celui de plusieurs capitales, comme Berlin et Helsinki, qui sont déjà réticentes pour limiter le chiffrement de bout en bout.

 

 

Le chiffrement s'est généralisé

Le chiffrement de bout en bout est un processus de communication sécurisée qui empêche les tiers d'accéder aux données. Sur les plateformes de messagerie, cela signifie que seuls l’expéditeur et le destinataire peuvent lire les messages. Cette fonctionnalité s’est généralisée ces dernières années.

Le chiffrement de bout en bout pose cependant problème aux autorités et aux services de renseignements, qui ne peuvent plus demander aux applications de messagerie de leur fournir des échanges privés, par exemple lors d’une enquête de police. Ces dernières années, des responsables américains et européens ont ainsi proposé d’imposer des portes dérobées, réservées aux autorités.

Aucune solution technologique

En Europe, le projet de lutte contre les abus sexuels sur les enfants souhaite mettre en place des restrictions au chiffrement de bout en bout. En l’état actuel, le texte permet aux autorités nationales d'exiger que les plateformes de communication scannent l'ensemble des conversations privées à la recherche de contenus pédopornographiques et de "grooming" (sollicitation des enfants à des fins sexuelles).

Cette proposition est soutenue par la majorité des gouvernements européens: 15 sur les 20 cités par le document de travail du Conseil. Une partie d’entre eux réclament cependant des garanties pour ne pas affaiblir le chiffrement de bout en bout. Mais aucune solution technologique ne permet aujourd’hui d’y arriver, souligne une étude d’impact réalisée par le Parlement européen.

Source : L'Usine Digitale